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European Society for Promotion and Action in Culture, Education and Science
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La Choule ? C'est un jeu, dit-on. Drôle de jeu.
La Choule ? C'est un jeu, dit-on. Drôle de jeu.
La choule n'est pas ce que l’on croit et elle est encore moins ce que l’on en dit.
Chaque année, à Tricot, dans l'0ise, le jour du Mardi-gras - normalement – la dernière mariée de l’année écoulée, lance vers le ciel, une boule de cuir en forme de poire, décorée de pompons.
Pendant une heure, les célibataires et les hommes mariés vont s’affronter et disputer ce choulet pour le lancer par-dessus un toit en face de l’église pour les mariés, ou par-dessus un toit à côté de l’ancienne mare, pour les jeunes gens.
Si aucun camp n'a gagné au bout d'une heure, on remet ça au lundi de Pâques.
Et cette fois-ci, jusqu’à ce qu'une des équipes parvienne à lancer le choulet au-dessus du toit désigné.
On croit que cela remonte au Moyen-Age. Pourquoi pas. Mais c'est un jugement d'historien qui ne jure que par les documents écrits dont il dispose. Comme il s'agissait d'un « jeu » de « gueux », il en est fait peu référence dans les récits des nobles et des lettres. Heureusement, de même manière pour le Carnaval, les autorités bien-pensantes l’interdisaient régulièrement et de nombreuses ordonnances témoignent de la pratique ancienne de la choule. Parce que ce « jeu » se pratiquait un peu partout autrefois : on en trouve des variantes en France même, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Italie, …
On dit que la choule est l’ancêtre du rugby et du football. On croit qu’elle a été inventée en France et importe en Angleterre par Guillaume le Conquérant, … Qui n'était ni Celte, ni Franc, mais Normand. Mais on croit aussi que le « Jeu » a été inventé par les anglais qui, à une autre époque, celle de la guerre de Cent ans, l'on importé en France. On croit aussi l'inverse, bien entendu. Pour cette querelle, les historiens ont-ils un mot à dire ?
Cela peut paraître violent, mais ce ne l'est pas
C'est un jeu, dit-on. Drôle de jeu, qui se déroule au centre d'une forêt de symboles. La période d'abord. A cheval sur un cycle de 40 jours, qui nous conduit d’une festivité à une autre. Du mercredi des Cendres, premier jour du Carême qui suit le Mardi "gras" le bien nommé, à la semaine sante, celle de la Pâques, 40 jours plus tard (1), au cours duquel on sacrifie l'agneau pascal.
Cycle qui nous conduit d'une absence de lune à un trop plein de lune ou, en d'autres termes, d’une nouvelle lune à une pleine lune. Autre symbole, trivial celui-ci : à Tricot, le "choulet" est assimilé à un sexe d'homme, verge et testicules compris. Et d'aucuns se plaisent à placer l’objet à l’emplacement idoine, accompagnant leur geste de plaisanteries et paillardises qui visent, de manière évidente, les jeunes femmes.
Tout change puisque, peut-être pour la première fois (à vérifier), mais c'était prévisible, une jeune femme de 16 ans ... participe et gagne. Mais c'était le premier tour, en petit comité a-t-il été dit.
Utiliser le bouton "Visionner le film complet" pour vien visionner les 21 mn 17 sec.
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(1) Jacques Willemont précise :
"- L'ethnologue que je suis se doit de rappeler que l'approche symbolique du monde est parfois en froid avec les mathématiques. Pâques célèbre la résurrection du Christ, le dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Ainsi, le cycle dit “de quarante jours” du Carême — censé s’étendre du Mercredi des Cendres au jeudi saint, veille de la Cène (du latin cena, le souper) — en compte, en réalité… 44. Si on soustrait les 6 dimanches, jours de fête, on parvient à 38 jours de jeûne. Pour arriver à 40 jours, il faut ajouter le Triduum pascal, du jeudi soir au samedi.
Cela prouve que, parfois (souvent?), la Vérité exige qu'on torde le cou à la vérité.
Par contre : L’Ascension est célébrée le jeudi 40 jours après Pâques, marquant la montée du Christ au ciel devant ses disciples. Entre Noël (25 décembre) et la Présentation de Jésus au Temple (2 février), il y a exactement 40 jours.
Le tournage.
Caractéristiques
Type
Support
Durée
Année production
Film documentaire
16mm couleurs
20 mn 4 s
1973
Equipe
Réalisation
Images
Sons
Montage
Voix commentaire
Intervenant
Jacques Willemont
Jean Pierre Bonneau
Francis Ehrmann
Alain Mouren
Jacques Willemont
Pierre Sayag
Liane Estiez-Willemont
Maïtou Leviant
Michel Leviant
Marc Chapiteau
Gérard Delacour (garde-champêtre)
J.P. Bonneau : Film Doc - CV partiel Nous avons collaboré sur d'autres films.
F. Ehrmann : Publicitaire à Strasbourg, à la retraite. Un ami de 50 ans.
A. Mouen : Perdu de vue.
P. Sayag : Une carrière de cinéaste - site Unifrance
L. Estiez-Willemont : Productrice à l'INA. Elle vit avec Jacques depuis bientôt 60 ans.
M. Leviant : Assistante à la réalisation. Puis directrice d'un laboratoire.
M. Leviant : Scénariste et réalisateur - Wikipédia
M. Chapiteau : Comédien. - Wikipédia
G. Delacour : Décédé. Il est tombé d'un toit. (peut-être de la dynastie Delacour)
Production - diffusion
Le film a été réalisé en 1973 dans le cadre du mémoire de maitrise d'ethnologie (master 1) de Jacques Willemont à Paris X-Nanterre.3
Jury : Jean Rouch (il a tout faite pour que Willemont ne puisse pas soutenir), Éric de Dampierre, Roger Morillière du Comité du film ethnographie et Patrick Menget.
Le film La choule de 1973 a été financé avec le salaire d'Assistant à l'université de Strasbourg de Jacques Willemont et les contributions techniques et artistiques bénévoles de toute l'équipe.
Le film a d'abord été diffusé dans le milieu universitaire concerné par le sujet : c'est-à-dire peu de monde.
Ensuite, la numérisation du film, soutenue par l'Agence pour le picard du Conseil régional de Picardie a permis une diffusion en DVD.
Celle-ci a été exclusivement effectuée par la Mairie de Tricot : quelque 200 exemplaires ont été acquis au prix fixe de 10 euros.
Il y eut une suite
Une projection du film a été organisée à Tricot à l'occasion de la Choule, le lundi de Pâques en 2010.
Les spectateurs émus de revoir des amis et des parents disparus, ont incité Willemont à revenir pour réaliser un film pour la télévision.
La mairie a encouragé la démarche et il n'a pas été difficile de le convaincre : voir extrait article dans Le Parisien du 26/4/2011.
Le département Ethnologie du Ministère de la culture aaccordé une subvention de xxx (à vérifier) dont une partie a été versée.
La vente des DVD de1973 a modestement contribué à financer les tournages effectués entre 2011 et 2015 (déplacements, séjours, ...)
Mais ces tournages n'auraient pas pu avoir lieu sans les contributions - pour la majeure partie bénévoles - d'une dizaine d'assistants, de stagiaires et d'amis dont :
- Charlotte Anguy
...
Jacques Willemont les en remercie.
Mais qu’est-il advenu de toutes ces images ?
L'association a envoyé le 16 mars 2023, un disque dur au Président de la Région des Hauts de France avec cette lettre.
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Monsieur le Président
Région des Hauts de France
51 Avenue du président Hoover
59555 LILLE CEDEX
Toulouse le 16 mars 2023
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Monsieur le Président,
Grâce au soutien de nombreuses institutions, j’ai pu créer de nombreuses œuvres transmédia sur la préhistoire (Lascaux et l’art des grottes ornées, de 1986 à 2023), l’histoire (Mai 68 à Paris, mais surtout à Nantes, de 1968 à 2028), l’ethnographie (les Gnawa, de 1969 à 2023) et, vous concernant, les traditions européennes du mardi-Gras (la Choule picarde, en 1973, puis de 2010 à 2015 ; le Carnaval des Busó de Mohács dans le sud de la Hongrie, en 2003).
Dans la mesure du possible, je confie les masters de tous ces documents aux institutions les mieux placées pour les accueillir, les conserver et les faire promouvoir.
Concernant la Choule, il faut citer deux catégories de documents :
1 - le film « La choule » réalisé en 1973 dans le cadre de mon master en ethnologie à Nanterre : une copie numérique de ce film en 16 mmm a été réalisée en 2010 avec le soutien de la Région Picarde.
2 - les 18 entretiens menés avec des participants au rituel, des historiens, des ethnologues, des habitants de Tricot.
3 - les quelque 30 heures de captations de phases du rituel des Mardi-Gras (le dimanche précédent, dorénavant) ou des Lundi de Pâques, entre 2011 et 2015.
Veuillez trouver copie sur le disque dur ci-joint, de tous les documents au financement desquels votre Région a participé.
Nous pourrions mettre également en valeur les films réalisés depuis des lustres sur ce rituel et dont nous avons copie.
Avec mes respectueux hommages, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
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Nous n'avons pas encore reçu de réponse.
Dernier recours : nous attendrons
jusqu'au millième jour après le 16 mars 23
soit jusqu'au 9 décembre 1925 à midi
Il reste :
Que se passera-t-il si le Cabinet du Président des Hauts de France ne répond pas ?
Une possibilité.
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Chiche ?
Qu'est-ce qu'il y avait dans ce disque ?
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La choule est un rituel paysan. Il se déroule chaque année pendant les prétendus 40 jours qui séparent le mardi-gras du lundi de Paques à Tricot en Picardie.
Ce rituel oppose les hommes mariés et les célibataires. Cela étant dit, les ethnologues y décèlent évidemment un rituel de fécondité. Ce n'est pas faux mais personne n'a cette idée en tête lorsqu'ils se ruent les uns vers les autres pour devenir le champion, le "chouleur" de l'année.
Ne pas confondre avec la "choule-crosse" de la Normandie. Un jeu d'enfants. Sur le plateau picard, on a à faire à des "hommes" des "vrais". C'est ce qu'ils disent. Les femmes sont toujours exclues. Plus pour longtemps. Comme les gestes inappropriés sont possibles au sein de la mêlée, ce sera les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Et toute la symbolique du rituel sera perdue ... après avoir été oubliée.
Le film La Choule - notez l'originalité - a été monté en dix jours en octobre 1973 par Jacques Willemont pour son mémoire de maîtrise (actuel master 1) à Paris X -Nanterre.
Un poste d'assistant s'était libéré à Strasbourg où il était déjà chargé de cours. Il en a eu connaissance à la rentrée fin septembre. Il a postulé bien entendu mais, la commission devant se réunir avant le 11 novembre, il lui fallait faire fissa !
Une semaine pour réunir les rushes filmés avec des étudiants de Strasbourg au printemps précédent. Moins de 10 jours pour monter, enregistrer le commentaire et mixer. Deux semaines environ pour les travaux de laboratoire. Écriture du mémoire en une semaine et des poussières.
Jury : Eric de Dampierre, directeur de l'institut d'ethnologie de Nanterre, Roger Morillière, Patrick Menget et Jean Rouch.
La "note" attribuée pour ce travail fait dans un souffle est bienveillante : 12. Heureusement qu'il y avait le film, parce que le mémoire écrit était vide.
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Scène de tournage en 1973.

Willemont a toujours sa caméra chez lui.


